Ni les falaises, ni le maquis le plus épais, ni aucun autre obstacle n’a eu raison de la ténacité de Denis Orsini qui, en 38 jours d’un périple non-stop, a sillonné l’intégralité du littoral de notre île parcourant pour cela près de 1400 km au ras des vagues, et dans des conditions très souvent « extrêmes ». Une performance impressionnante à plus d’un titre.
Treize ans que ce rêve l’habitait. Voire le hantait tel un fantasme. « C’est effectivement en 1995 – je peux même préciser que c’était un jour de janvier qu’est né dans mon esprit ce projet d’effectuer un tour complet de la Corse, par le littoral. En empruntant un tracé côtier qui passe toujours au plus près de la mer… » Le paradoxe voulant que tant que l’idée ne faisait que trotter dans sa tête ... Denis Orsini, lui , ne cavalait pas sur la grève .Il aura finalement fallu qu’une grosse frayeur secoue le microcosme familial pour qu’il finisse par passer à l’acte.« Le déclic s’est opéré quand mon père à été victime d’un infarctus.Prenant soudainement conscience que nul n’est à l’abri d’un tel accident, j’en ai tiré cet enseignement majeur : il faut faire sans tarder les choses que l’on juge essentielles ! Or,ces treize années de macération avaient justement conféré un caractère primordial à l’aventure que j’avais ainsi imaginée. Avant tout pour me prouver quelque chose à moi-même … » Lorsqu’une idée tourne à idée tourne à l’obsession, il s’agit en effet de mettre en œuvre les moyens visant à la concrétiser.Tentative avortée en 2007
Quand il s’élance de la plage de Vardiola en 2007, c’est une forme de soulagement que dit avoir ressentie Denis. Un peu comme si son cerveau, pour avoir tant cogité sur le sujet, était délivré de laisser les muscles prendre … l’affaire à leur compte !Hélas, il n’a pas franchi depuis longtemps le cap symbolique d’un tiers du parcours (au niveau des îles Sanguinaires) qu’il lui faut abandonner son projet. La faute à une plante du maquis à laquelle il fait une allergie aux effets terrifiants. Et pas seulement d’un point de vue esthétique puisque les brûlures occasionnées en viennent à réduire la fonctionnalité de ses membres inférieurs. Rentré au bercail, c’est en se promettant de ne pas rester sur un cet échec qu’il surmonte sa déception.
Laquelle, toutefois ne se dissipera véritablement qu’a l’aube de cette année 2008, quand il est temps pour lui d’entamer la préparation à son périple.
Elle s’étalera sur 4 mois ½, meublés de 50 demi journées de 40 Km chacune, soit 2000 Km parcourus et uniquement sur une plage de sable grossier. Un choix qui est celui de la prudence.« Il s’agissait de ne pas mettre à mal mes articulations, mais aussi de ne pas prendre le risque d’une chute qui remette tout en cause … »
Le 15 mai dernier c’est depuis la plage de l’Hôtel du Belvédère qui se situe au sud est par rapport au fleuve Stabiacciu - (du fait des crues des fleuves) que l’aventure recommence, elle va durer 38 journées !
La cortisone à son secours Une deuxième tentative qui démarre fort.
Parti à 4 heures 33 du matin, Denis ne va effectivement cesser de marcher qu’à plus de 21 heures, soit plus de 16 heures 30 d’efforts tout au long desquelles il va s’accorder que quatre pauses de vingt minutes chacune.
Mais il fera mieux encore « dans les Agriates avec un tronçon de 18 heures de marche , dont plusieurs heures sans eaux , sans de quoi se nourrir , sans de quoi se couvrir , avec comme seul lumière durant cette partie de nuit un 2/3 de lune quand il n’y avait pas de nuages , et dans un moment pareille le seul but est de rejoindre le prochain ravitaillement en avançant comme un Zombi , et en croyant qu’après cette pointe j’y suis , après cette pointe j’y suis, après cette pointe j’y suis , etc… et non je n’y était pas , car la nuit sans lumière et affaibli à un très gros pourcentage , je ne pouvais qu’aller à une demi allure normal ! Le désert des Agriates est très long surtout si on l’attaque à 4 heures de l’après midi, et qui puis est si on le sous estime, sans parler des 1 heures 45 de liaison à pied en plain milieu de la nuit, plus une heure de liaison en voiture dans un chemin en terre chaotique, avant de rentrer à l’hôtel vers 3 heures du matin, ce fut une journée vraiment mémorable et surtout une des 5 les plus éprouvantes pour l’organisme ».
« Certains secteurs de falaises ont été particulièrement éprouvants , notamment dans le golfe de ( avec notamment les Calanche de Piana , le Capu Rosu , le Monte Seninu et sans oublier la réserve de Scandola ) ou pire encore le ( Capu d’Orccinu à proximité de Cargèse ) , le Cap Corse est très difficile aussi ect … et il y de la difficulté même si ça ne se voit pas au premier abord , car entre les très grandes distances et la douzaine d’heures de marche par jour de moyenne , les difficultés sont multiples et variés , sur ce Tour de Corse il y à toutes les difficultés pour un randonneur comme pour un alpiniste, et c’est l’accumulation de toutes ses difficultés jour après jour pendant plus d’un mois , qui fond de ce Tour de Corse : le Tour de Corse le plus Drastique que l’homme puisse imaginer de faire , j’emploie le mot Drastique car si il y à un mot qui peut résumer ce Tour de Corse c’est celui là , Oui il est Drastique et il mérite cette appellation !!! » .
Quand il ne lui faut pas jouer les funambules au ras des vagues ou carrément les alpinistes pour franchir certaines parois abruptes, Denis n’est gère mieux loti puisque c’est souvent un maquis très épais qu’il lui faut traverser, avec l’appréhension d’être sournoisement attendu au détour d’un massif par la plante (non identifiée) dont il supporte mal les caresses … même si un praticien de Propriano a su trouver la parade à ses perfides attouchements.
« Cette année les symptômes sont apparus dès le sixième jour, mais la cortisone s’est fort heureusement révélée un remède efficace à cette allergie »
Chacune des dix paires de chaussures utilisées par Denis lui laissera par ailleurs de douloureux souvenirs avec des ampoules auxquelles il s’agira, chaque soir , d’accorder des soins méticuleux .
Xavier , « le témoin » devenu ami Suivi tout au long de son périple par une équipe d’assistance 100% familiale ( ses parent , sa sœur , ses frères , ses deux belles-sœurs , ses nièces et neveux ) Denis Orsini a également pu compter , tout au long des ces cinq semaines , sur le soutien déterminant ( selon ses propres termes ) de notre confrère Xavier Pierlovisi qui avait choisi de devenir le grand témoin de ce défi .« A l’intérêt purement sportif qu’il a éveillé en moi, est ensuite venu se greffer celui que m’a inspiré le personnage ayant choisi de le relever.Alors même que je ne le connaissais pas quelques jour plus tôt , Denis m’a séduit par son discours et la philosophie de sa démarche … »
De cette curiosité est née une amitié qui vaut assurément pour valeur ajoutée » à l’expérience unique qu’il a ainsi été donné de vivre à l’un et à l’autre, face à l’incommensurable beauté de leur île !
Mais bien d’autres rencontres ont enrichi l’aventure, qu’il s’agisse d’autochtones connus ou anonymes, voire de touristes dont il croisa la route, Denis fut très sensible a tout ce qu’il reçut spontanément d’eux.
« Du simple encouragement à une nuit d’hôtel, voire plus encore ! en passant par une modeste gorger d’eau ou à quelques aliments divers , en passant par des gestes avenants destinés à me faciliter la tâche ou à être agréables à mon équipe d’assistance , toutes ces marques de sympathie me furent d’un précieux concours psychologique , voire déterminant à la réussite de ce périple ! »
Une sollicitude du quidam qui a permis à Denis de mieux supporter les deux semaines supplémentaires (par rapport à son tableau de marche initial) qui lui furent nécessaires pour couvrir donc l’intégralité des 1400 Km de ce périple dont il se contente pourtant de tirer une bien modeste fierté, « celle d’avoir simplement exaucé le rêve dont j’ai nourri mes pensées pendant si longtemps … »
« La durée de ce périple est justifier vu les difficultés et des embauches de toute sortes sans parler de la distance qui est d’officiellement 1047 Kms mais l’homme en fait beaucoup plus, entre les montées les descentes, les zig zag et les changements de niveaux permanents sure les rochers, l’homme ne peut ni suivre un cordeau ni suivre une ligne altimétrique, donc nous estimons la distance à environ 1400 Kms pour l’homme ! »